Les premières villas de Riva-Bella
L’Avenue Pasteur est un chemin de sable autour duquel furent bâties les premières villas au milieu des dunes. Gustave François Rouvray (1856-1922), architecte local, est le concepteur de nombreuses d’entre-elles. Il serait à l’origine de la construction de 40 villas sur la commune et fut aussi en charge de la réalisation du Kursaal, le premier Casino (rendez-vous au panneau n°2 au croisement des avenues).
- Au n°2 : La Chimère est un témoignage typique de l’architecture des années 1900 avec une touche Art nouveau avec sa plaque découpée à son nom.
- Au n°29 : La Karukera, nom originel donné par les Amérindiens à la Guadeloupe, a été rebaptisée ainsi par les actuels propriétaires. Elle est la jumelle de la Gracieuse que vous pourrez admirer à quelques pas au 21 de l’avenue du Phare. D’ordinaire jumelées, face à face ou voisines, rien n’explique dans les archives la distance mise entre les deux villas par leur architecte Gustave Rouvray. Peut-être une copie pour une commande d’un acheteur conquis par ce bâtiment néo-classique à la façade symétrique et à l’équilibre parfait.
- Au n°35 : La Villa X- Y de style Néo-Normand, datée d’’environ 1900, se démarque par son imposante façade dont la partie supérieure est décorée de pans de bois formant des triangles, certains y voient un diamant.
- Au n°43 et 45 : Les Clématites et Les Houx, deux villas jumelées, œuvres encore de Gustave Rouvray, auraient été construites par deux frères. Les Clématites offrent une ornementation plus délicate, avec notamment un balcon sculpté avec le nom de la villa. Les archives de Rouvray indiquent un prix de 14 000 francs pour Les Clématites construite en 1895.
- Au n°53 : C’est ici qu’en 1866 débute l’Histoire de Riva-Bella avec un premier chalet nommé Belle Rive occupé par Madame Lompré, fabricante de corset à Caen. Il s’agit d’une demeure simple dont l’élément le plus original est sa dépendance sans doute ajoutée plus tardivement avec la technique de rusticage (encadrement en faux bois), comme un belvédère pour une vue sur mer. L’anecdote raconte qu’un peintre ami du propriétaire s’exclama que la villa devrait plutôt s’appeler Riva-Bella, la lumière de la Côte de Nacre lui rappelant celle de l’Italie.
- Au n°60 : La Villa Lina est un exemple impressionnant de rusticage. Cette technique consiste à donner la structure générale avec des tiges de fer autour desquelles on façonne à la main du ciment pour imiter le bois avec pour idée de « faire nature » en ville. Napoléon III adorait ce style puisqu’il fit du Parc des Buttes Chaumont à Paris un haut lieu du rusticage.
- Au n°64 : La Fourmi, villa cossue, qui date de 1869, est sans doute la seconde à être construite et servira de modèle pour de nombreuses autres villas avec son avant-corps à pignon et sa porte d’entrée couverte.
Au cœur de Riva-Bella
Avenue Winston Churchill
Au coin de l’Avenue Churchill et du Boulevard de France, se dresse la majestueuse Mouette édifiée en 1903 par l’architecte Gustave François Rouvray. Il faut l’imaginer les pieds dans le sable avec vue sur la mer au sein d’un grand parc arboré.
En descendant l’avenue vers la mer vous trouverez :
- Au n°5 : Le Mignon, dont la date de construction reste inconnue, détonne dans ce paysage balnéaire avec son aspect de longère normande ponctuée d’un petit pigeonnier.
- Au n°7 : La Santa Cruz, datant des années 1930, présente des colombages atypiques en épis et des fenêtres étonnantes.
- Au n°9 : La Louisette, petite villa élégante de 1900 commanditée par un riche parisien, est typique du classicisme balnéaire de la Belle époque. Retournez-vous pour voir L’Espérance, jumelle de la Louisette, de l’autre coté de l’avenue.
- Au n°10 : La Belle Ombre de l’architecte André Ohlmann, expose un style hybride entre Art déco et modernisme inhabituel dans la station, même s’il est courant dans les lieux de villégiatures plus au sud de la côte ouest. Son brise soleil rouge lui donne un air basque, tandis que l’avènement du béton à sa construction (1950-1960) permet de donner de belles courbes au bâtiment.
En avançant dans l’Avenue de Trouville vous découvrirez
- Au n°24 : La Bettina, nichée encore aujourd’hui dans un écrin de verdure, est une magnifique propriété néo-normande, sans doute conçue par l’architecte Théophile Bourgeois et dont le parc est signé par l’architecte Eugène Duroy, qui s’étendait sur un demi hectare de sable et de dunes à sa création en 1906. Son nom est celui de la bergère, personnage principale de la pièce d’Edmond Audran « La Mascotte », donné par les premiers propriétaires qui ont appartenu au petit monde de l’Opéra.
- Au n°12 : Le Chalet Pippo, nom donné comme un clin d’œil à la villa voisine, Bettina tombant amoureuse d’un berger nommé Pippo, est issu du découpage en lotissement du terrain de la Bettina dans les années 1930. Elle est signée de l’architecte Robert Fauvet qui réalisa alors plusieurs petites villas et Chalet.
- Au début de la rue, se trouvait le premier Casino de Ouistreham, appelé « Kursaal », édifice en bois de conception Modern Style. Construit en 1905, il se situait à la place d’un immeuble qui fait l’angle de l’avenue Clemenceau et du boulevard de France, en face de la chapelle. Le Casino actuel est situé en front de mer.
En 1929, le développement du secteur de Riva-Bella et la demande pressante des habitants conduisent la paroisse à prévoir l’édification d’une chapelle sur ce secteur. Le chanoine Louis Petit, curé de Ouistreham, réunit des volontaires afin de créer un comité pour la construction de la chapelle « Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus ». Inaugurée le 10 juillet 1931, elle sera ouverte au culte sans discontinuer, même pendant l’Occupation. A la Libération, elle ne peut suffire à accueillir une population grandissante. Les premiers travaux pour la construction d’une nouvelle église ont lieu en 1967, mais Il faut attendre 1974 pour que l’essentiel soit réalisé, et jusqu’en 1985 les deux édifices fonctionnent ensemble accolés. A l’intérieur, la décoration moderne très réussie dégage une atmosphère empreinte de sérénité et de spiritualité : une voûte en sapin clair figure un vaisseau et, derrière l’autel, on peut admirer une fresque réalisée par l’artiste peintre Roland Van Lerberghe.
Le développement de la station balnéaire de Riva
Une station balnéaire s’illustre par ses villas. Au hasard d’une promenade dans ses rues, Riva-Bella offre les siennes, elles racontent des générations de vacances familiales et un art de vivre propre à notre littoral où la recherche d’authenticité supplantait celle des mondanités. Dans la discrétion ou l’opulence, sages ou fantasques, toutes ces villas retiennent le regard car leurs architectures, si diverses, nous révèlent plus d’un siècle de villégiature, et même leurs appellations, témoins de la fantaisie et de l’imagination de leurs propriétaires, méritent d’aller à leur rencontre.
Dans ce secteur se trouvent quelques-unes des plus imposantes villas ouistrehamaises.
La Forgette trône magistralement dans son écrin de verdure sur ce petit rond-point au croisement de l’avenue Victor Hugo et de la rue des Acacias. Elancée, couverte de boiseries et de faïences élégantes avec un perron ouvert sur une loggia, elle est l’œuvre de Charles Roussel entrepreneur parisien. Ce dernier la fit construire en 1908 pour sa famille en lui donnant le nom de Forgette, lieu -dit dont il était originaire dans la Creuse. Elle est l’une des rares propriétés à appartenir toujours à la même famille. Pendant la guerre elle fut occupée par les Allemands, puis par les Alliés comme un centre de repos pour les soldats, on la connait alors sous le nom de Swan House.
Rejoignez l’avenue du Phare pour découvrir de splendides demeures.
- Au n°9 : La Speranza se distingue par son allure stricte d’une symétrie parfaite propre au classicisme qui laisse deviner une organisation spéciale intérieure identique. Régularité et équilibre donnent une élégance sobre à la façade de cette maison agrémentée d’une marquise et de rampes en fer forgé. Tranchant avec la folie de certaines réalisations de la même époque, la Speranza, du nom de l’île sur laquelle Robinson Crusoé rencontra Vendredi, représente le versant sage de l’urbanisme balnéaire alors en plein développement.
- Au n°10 : l’Artimon se dresse au croisement des avenues du Phare, Victor Hugo et Guillaume le Conquérant. Entretenue et mise en valeur, elle a subi des modifications aussi bien architecturale qu’ornementale, avec de nouvelles couleurs et la création d’un bow-window. Elle conserve à l’intérieur des matériaux anciens comme le pitchpin, conifère d’Amérique du nord très réputé pour la qualité technique et esthétique de son bois, importé en France la première fois en 1868 et précisément à Caen par Monsieur Bully propriétaire d’une menuiserie industrielle. Bois jaune à veinures brunes, très en vogue sous le règne de Napoléon III, il sera utilisé pour le tramway du Paris Haussmannien.
- Au n° 22 : L’Etoile polaire est l’un des joyaux de la Côte de Nacre. Comme les toutes premières villas, elle date de 1892, elle est sortie de terre les pieds dans le sable et dans un écrin de verdure. Elle présente de multiples volumes organisés autour d’une tourelle couronnant la porte d’entrée tel un beffroi médiéval. Son style anglo-normand est très sophistiqué grâce à une ornementation élégante. Figurant parmi les premières cartes postales, cette villa, sorte de « maison témoin », fut une vitrine pour les investisseurs de la fin du 19ème siècle.
- Au n°26 : Les Liserons est une des premières constructions du prolifique architecte Gustave Rouvray dans notre station. Cependant, il s’agit-là d’une œuvre de jeunesse, un peu à part, entre éclectisme et art nouveau. Les toitures sont sophistiquées, pentes, coupes et volumes complexes, avec l’usage de très belles céramiques vertes rehaussant les linteaux et l’ornement central où apparait le nom de la villa.
Le premier front de mer de Riva
L’actuel front de mer, boulevard Aristide Briand, ne fut urbanisé qu’à partir 1924 à la suite de la cession du domaine maritime de l’État à la commune qui y établit un lotissement. Le front de mer initial se trouvait donc sur les boulevards du Commando Kieffer et du Maréchal Joffre. C’est pourquoi on trouve toute une série de villas sur cet axe.
Boulevard du Commando Kieffer
- Au n°9 et au n°13 se trouvent deux bâtisses jumelles Le Chalet des dunes et La Villa Mathilde. Erigées probablement à une dizaine d’années d’écart, vers 1890 probablement pour la Villa Mathilde et en 1904 pour le chalet des Dunes, par deux familles de la région qui se connaissaient, les Dubois et les Maillard. L’architecte, certainement local, propose un bâtiment proche de l’hôtel particulier ou de la maison de maitre avec une composition symétrique composée d’une partie centrale rehaussée d’un grand bow-window hexagonal et lumineux qui servait de pièce de réception.
- Au n°27 : L’Étoile de mer, splendide villa de la fin du 19ème siècle, regorge de richesses stylistiques et d’ornementations. Le perron qui couvre l’entrée est décoré de 8 carreaux de céramique bleu nuit figurant des marguerites et une étoile de mer à 5 branches, illustrant le nom de la villa. Du même côté, le conduit de cheminée saillant sur la façade en pierre de taille et brique est un véritable décor en tant que tel. Enfin, la toiture très travaillée avec son débord soutenu d’aisseliers fait ressembler le dessous du toit à une charpente de bateau.
- Au n°25 : Emblème de Riva-Bella, la Villa Thierry est une des constructions les plus originales et ambitieuses de la Côte de Nacre. Son ampleur lui a valu rapidement d’être renommée le Château Thierry. Georges Thierry grand bourgeois parisien passionné de plaisance séjourna à la villa Mathilde avant de débuter les travaux de cette bâtisse en 1888. Il s’agit donc d’une résidence secondaire sur 4 niveaux et environ 1 000m2, entourée d’un terrain de 4 000m2. Les Thierry possédaient de nombreux terrains à Ouistreham Riva-Bella et furent les fondateurs du Yacht Club à la Pointe du siège et du Tennis Club de Riva-Bella rue de la Hève. La villa est l’œuvre de l’architecte parisien Joseph Armand Olive, dont le père Pierre-Joseph est connu pour la construction de nombreux immeubles à Paris et Bruxelles. La liste des éléments architecturaux remarquables est longue : vaste bow-window, élégante superposition de fenêtres, dôme de zinc… sans parler des nombreux éléments de décors.
Boulevard du Maréchal Joffre
- Au n°11 : Le Petit Mus est une coquette villa art nouveau de 1920. Son originalité réside dans son pan coupé à gauche de la façade, ouvrant sur un oriel arrondi surmonté d’un balcon et d’une lucarne à croupe, unique dans la station. Son nom reste énigmatique. Le terme Musardière désignait celle qui passe son temps à musarder, à ne rien faire, et ce nom a été donné à plusieurs villas dans d’autres stations balnéaires.
- Au n°17 : Les Brisants ont fait l’objet de nombreuses cartes postales anciennes. Structurée verticalement en trois parties, en pierres calcaires, surmontée d’un bandeau de briques rouges, puis de briques blanches, la villa est ornée de décors en briques rouges et de faïences vertes comme des émeraudes incrustées dans la pierre.
- Au n°61 : Originellement nommée la Villa Pamplemousse, elle fut rebaptisée Les Ambruns. Elle se distingue par sa magnifique toiture qui multiplie les pentes, les arrêtes, les débords ou encore les neuf épis de faitage en céramique de bavent qui en font la villa la plus couronnée de la station.
- Au n°75 : La Villa Bengalis fut construite par Mario Bertolini entrepreneur de la ville voisine d’Hérouville Saint-Clair en 1904, occupée par les allemands puis les Alliés, on raconte que l’un des gradés allemands y entrait à cheval ce qui a laissé des traces sur les marches de l’escalier intérieur. Elle fut achetée en 1960 par la Mairie du 13eme arrondissement de Paris pour en faire un centre de vacances jusqu’en 1994, où elle retourne à un propriétaire privé. Admirez les pignons en volute, les frises en céramique verte et jaune, les linteaux en accolade à l’étage et les élégantes ancres métalliques en forme de croix et de lys.
- Au n°79 : Plus qu’une villa, La Risette, est un véritable ensemble avec son parc, ses palissades d’époque et son portail surmonté d’une couverture de tuiles. Elle possédait même des écuries devenues une habitation voisine. De style anglo-normand aux décors rappelant les manoirs du Pays d’Auge, elle s’élance vers le ciel sur 4 niveaux avec une tourelle se terminant par un clocheton vitré remarquable.
Le village médiéval et les maisons de pêcheurs
Répondant aux exigences d’une situation géographique bien particulière, au nord de la plaine de Caen, entre mer et fleuve, le Bourg de Ouistreham Riva-Bella est autant tourné vers sa maritimité que sa ruralité. Le village est placé sous la protection de l’église Saint Samson, parfaitement mise en valeur par des rénovations de la fin du XIXe siècle et plus récemment entre 2016 et 2018. Ce centre médiéval raconte aussi l’histoire des pêcheurs, des agriculteurs et des commerçants qui l’ont animé au fil des siècles.
C’est au XIe siècle, sous le règne du duc Guillaume, que la Normandie connut son apogée. Par donation du duc Guillaume et de Mathilde, son épouse, Ouistreham devient, à partir de 1082, une baronnie sous patronage de l’Abbaye de la Sainte-Trinité de Caen. Ainsi, après avoir primitivement fait partie de l’évêché de Bayeux, notre paroisse fut, jusqu’à la Révolution, une dépendance religieuse, juridique et fiscale de l’abbaye de Caen.
La toute puissante abbaye bénéficiait de nombreux privilèges sur ses territoires ; parmi eux, celui, assez exceptionnel, du droit de haute justice civile et criminelle sur ses vassaux.
La population de Ouistreham à l’époque médiévale ne dépassait pas quelques centaines d’habitants et les principales occupations de ces derniers étaient l’agriculture (froment, avoine, orge, lin et chanvre), la pêche, le commerce maritime et la capture des oiseaux de mer.
Prenez le temps de découvrir derrière vous l’église Saint-Samson et la Grange aux Dîmes.
Quelques siècles plus tard, le village se développera grâce à la pêche, raison pour laquelle on retrouve de nombreuses maisons en pierre du XIXe siècle.
Qu’est-ce qu’une maison typique de pêcheur ? Elle est souvent située autour d’une cour commune, elle comprend une pièce principale au rez-de-chaussée, une chambre à l’étage, à laquelle on accède par un escalier extérieur en pierre et un grenier pour entreposer réserves et matériel. On remarque au-dessus de la fenêtre de ces greniers une poulie qui servait à monter le matériel. Au cœur de la rue de la Grève, une cour restitue à l’identique cette description.
De la ferme des Vergy à la maison de Léon Gautier
Cette entrée de ville n’a quasiment pas changé depuis le débarquement, on peut toujours y voir l’une des anciennes fermes de la ville. Ouistreham Riva-Bella a compté jusqu’à 16 fermes en activité, dont certains bâtiments sont encore visibles dans le bourg, notamment ceux de la ferme du vieux manoir ou encore de la ferme du Pavillon, transformée au XXe siècle en centre socioculturel.
Vous pourrez, en remontant la route de Lion, entrer dans le cœur de la station balnéaire. C’est par cette même route que les troupes alliées débarquées le 6 juin 1944 sur la plage de Colleville-sur-Orne sont entrées dans Ouistreham Riva-Bella pour libérer la ville. Ces troupes étaient composées d’unités britanniques ainsi que d’un commando de 177 soldats français.
Le 27 octobre 2024 un tronçon de cette route a été rebaptisé Boulevard Léon Gautier, dernier vétéran du commando Kieffer qui a vécu une partie de sa vie dans cette rue. Léon Gautier avait emprunté cette voie pour libérer la commune et son pays du joug de l’occupant nazi.
Le dernier représentant des 177 Français est décédé le 3 juillet 2023, à l’âge de 100 ans. Léon Gautier était l’un des héros du jour le plus long, mais aussi une figure locale importante qui donna de ton temps pour témoigner de son expérience auprès des plus jeunes.
Le port de commerce et le canal
Ouistreham Riva-Bella, de par sa situation géographique, a toujours fait partie de voies de communication importantes bénéficiant à l’économie régionale et nationale.
Au Moyen Age, et du fait de la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant, le territoire était le siège d’un service de transport maritime intense pour les voyageurs et le commerce avec l’Angleterre, notamment celui de la pierre de Caen qui fut utilisée notamment pour édifier la tour de Londres et la cathédrale de Canterburry. Puis la commune servit d’entrepôt pour les marchandises de certains bateaux qui, du fait de l’envasement de l’Orne, ne pouvaient remonter jusqu’à Caen qu’après s’être délestés d’une partie de leurs cargaisons.
En 1798, les difficultés de navigation sur la rivière amènent l’ingénieur Cachin à proposer le creusement d’un canal latéral à l’Orne jusqu’à Caen, ainsi qu’un avant-port. En 1804, l’ingénieur Lescaille reprendra l’idée.
Le 25 mai 1811, Napoléon Ier se rend à Ouistreham. Convaincu de la nécessité de ce projet de canal, il ordonne, le jour même, de nouvelles études pour la réalisation d’un canal terminé par une écluse et l’achèvement des quais à Caen. Une somme de 700 000 Francs est alors attribuée par décret en février 1813, mais la chute de l’Empire et l’opposition du Conseil des Ponts et Chaussées mettent momentanément le projet en sommeil. Le projet de Lescaille est repris et complété par l’ingénieur Eustache qui souhaite développer un canal maritime. La proposition de l’ingénieur Eustache est retenue par le conseil municipal caennais du 12 août 1836. Cette proposition basée sur l’idée originale en 1798 de l’ingénieur Cachin, de « creuser un canal latéral à l’Orne » et entérinée par l’Empereur Napoléon Ier lors de sa visite à Ouistreham en 1811, avait connu des modifications après plusieurs études pour sa réalisation.
Le projet est accepté le 19 juillet 1837 avec la participation financière du Conseil Général et de la ville de Ouistreham. Les travaux commencent en 1838 et le canal sera inauguré le 23 août 1857 par Napoléon III et l’impératrice Eugénie, tout un symbole.
Par la suite, Ouistreham est doté d’une écluse et commence alors les aménagements d’un vrai port à l’embouchure que symbolise, en 1886, la présence d’un premier phare en maçonnerie.
Avant-port
Vous vous trouvez sur l’avant-port de Ouistreham, cette partie est située entre la passe d’entrée et les bassins dans lesquels les navires sont chargés ou déchargés. L’avant-port est abrité de la houle, des vents gênants et des courants pour faciliter la prise des amarres par les remorqueurs.
Les travaux de l’Avant-Port communal débutèrent en 1838 par le creusement d’un nouveau lit pour l’Orne en remplacement du lit de la rivière devant être occupé par le canal. Le fleuve est alors dévié sur la bordure orientale de son lit, remplacé en bordure occidentale par le canal.
Environ 600 ouvriers travaillèrent sur le chantier. Les travaux furent à plusieurs reprises interrompus par manque de main d’œuvres ou de crédits.
En 1843 l’ouverture des écluses est revue et portée à 12.30 mètres, puis à 16.50 mètres en 1853, et finalement 29m en 1963. La largeur de l’avant-port est de 50 mètres puis revue pour atteindre 90 mètres et une longueur de 350 mètres. Cela doit permettre une activité commerciale d’ampleur pour ce territoire qui devient une vraie porte d’entrée maritime pour la ville de Caen.
Une grande inauguration a lieu le 23 août 1857 par Napoléon III et l’Impératrice Eugénie embarqués sur deux bateaux à vapeur, les steamers L’Orne et l’Eclair, avec les autorités accompagnées par l’évêque pour la bénédiction des eaux.
Très vite, le trafic des marchandises progresse passant de 150 000 tonnes vers 1860 à 568 000 tonnes en 1900. Le port de Caen est classé, dès 1913, au 7ème rang en France en tonnage de marchandises et restera à ce niveau jusque dans les années 1960. Une gare maritime, destinée à accueillir des voyageurs, est construite en 1929 par la commune. L’année suivante le tonnage de marchandises atteint les 2 millions de tonnes. En 1963 l’écluse sera remplacée par une nouvelle, plus grande, qui sera modernisée en 1972. De nouveaux aménagements seront également entrepris pour l’implantation de la Brittany Ferries.
En 2021, il a été décidé d’implanter la base d’exploitation et de maintenance du parc éolien en mer du Calvados qui a été créé au large de Courseulles-sur-Mer. Une preuve de plus de l’importance de ce port dans le Département.
Aujourd’hui la base d’exploitation et de maintenance accueille une centaine de travailleurs. Ce projet est le résultat du travail partenarial engagé depuis plusieurs années entre les équipes du parc éolien en mer du Calvados Ports de Normandie et de la commune de Ouistreham Riva-Bella, et s’inscrit dans un important programme d’investissements sur le port et dans les énergies renouvelables.
Le parc éolien en mer du Calvados, d’une puissance de près de 450 MW, sera composé, à terme, de 64 éoliennes situées à plus de 10 km des côtes du Bessin. Il produira alors l’équivalent de la consommation annuelle en électricité de 630 000 personnes, soit plus de 90% des habitants du Calvados.